Le ministĂšre de lâIntĂ©rieur est au cĆur de lâĂtat. Par ses rĂ©seaux territoriaux, prĂ©fectures et sous-prĂ©fectures, circonscriptions de sĂ©curitĂ© publique et unitĂ©s de la gendarmerie nationale, qui structurent profondĂ©ment lâadministration de la France. Par son rĂŽle de garant des libertĂ©s locales et des Ă©quilibres institutionnels et financiers de la RĂ©publique dĂ©centralisĂ©e.
Il est aussi au cĆur de lâĂtat Ă raison de ses missions, particuliĂšrement cruciales. Parce quâelles concernent la protection des Français contre la menace terroriste et toutes les formes de criminalitĂ© et de dĂ©linquance. Parce quâelles ont trait Ă la prĂ©paration aux crises et Ă leur gestion. Parce quâelles touchent, enfin, au socle des libertĂ©s publiques et de certains droits individuels fondamentaux, dont le droit de suffrage et celui de se voir reconnaĂźtre une identitĂ©, Ă©lĂ©ments, qui, pris ensemble, sont le fondement du pacte rĂ©publicain.
MinistĂšre de la vie quotidienne comme de lâurgence, ministĂšre de la continuitĂ© et de la stabilitĂ© des institutions et maĂźtre dâouvrage de leur adaptation aux exigences nouvelles de proximitĂ©, de modernitĂ© et dâadĂ©quation aux particularitĂ©s locales, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur incarne lâĂtat. Câest la raison pour laquelle une place Ă©minente lui est reconnue par nos concitoyens.
Des bouleversements importants - tels quâune menace terroriste durablement Ă©levĂ©e, la reconfiguration rĂ©cente de flux migratoires de trĂšs grande ampleur, la diversification des statuts des collectivitĂ©s, lâimpĂ©ratif de transformation que reprĂ©sente la rĂ©volution numĂ©rique pour lâorganisation des services rendus au public comme pour la protection de donnĂ©es sensibles, quâelles se rapportent aux personnes ou Ă la sĂ»retĂ© de lâĂtat, se conjuguent avec la permanence de besoins lĂ©gitimement exprimĂ©s par les Français : sĂ©curitĂ© au quotidien, permanence de lâĂtat et services publics essentiels assurĂ©s de maniĂšre efficace. Faire face Ă cette conjonction de changements profonds et dâinvariabilitĂ© de besoins fondamentaux suppose de faire Ă©voluer les modes dâactions du ministĂšre de lâIntĂ©rieur, avec exigence, pour ĂȘtre Ă la hauteur de la place qui lui est reconnue par nos concitoyens et au sein de lâĂtat.
Pour relever ce dĂ©fi, trois axes, conformes aux engagements pris par le PrĂ©sident de la RĂ©publique, guideront lâaction du ministĂšre de lâIntĂ©rieur pour le quinquennat Ă venir.
Il sâagira dâabord de mieux protĂ©ger les Français, par une lutte incessante contre le terrorisme, un traitement Ă©nergique des enjeux de la sĂ©curitĂ© au quotidien et une gestion efficace de lâurgence et des crises. Pour cela, les forces dont le ministre assure le commandement opĂ©rationnel devront ĂȘtre dotĂ©es des moyens humains, techniques, technologiques et du soutien indispensable Ă lâaccomplissement de leurs missions.
Il sâagira ensuite de mieux garantir les libertĂ©s, les droits et les devoirs de chacun, sans sâinterdire de rĂ©examiner les Ă©quilibres trouvĂ©s pour les amĂ©nager lorsque cela est nĂ©cessaire.
Enfin, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur cherchera Ă mieux servir nos concitoyens, en accĂ©lĂ©rant la transition digitale de lâadministration, en inventant les solutions pour rĂ©pondre au besoin dâĂtat qui se manifeste dans les territoires et en ajustant lâorganisation de la RĂ©publique dĂ©centralisĂ©e.
Ces axes dâaction se dĂ©clineront en neuf prioritĂ©s stratĂ©giques qui guideront lâaction du ministĂšre de lâIntĂ©rieur pour le quinquennat Ă venir.
Sans doute parce quâil est la matrice historique de la constitution de lâĂtat, mais aussi parce quâil est par excellence le ministĂšre des crises, de lâurgence et de la rĂ©activitĂ©, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur se doit encore plus dâĂȘtre aux avant-postes de la rĂ©forme. Câest la raison pour laquelle ces trois axes stratĂ©giques â protĂ©ger, garantir et servir - devront se dĂ©cliner selon une mĂ©thode destinĂ©e Ă prendre la hauteur de vue nĂ©cessaire pour bĂątir un Ătat plus juste, plus protecteur et plus agile face aux dĂ©fis de la modernitĂ©. Cette mĂ©thode reposera sur deux piliers : lâinscription dans le temps long de la stratĂ©gie dâune part, le choix rĂ©solu de la dĂ©concentration dâautre part.
La méthode de travail du ministÚre de l'Intérieur
A partir de lâexpĂ©rience de lâurgence, construire une vision stratĂ©gique
LâĂ©laboration dâune vision stratĂ©gique de moyen terme est dâune nĂ©cessitĂ© aigĂŒe pour le ministĂšre de lâIntĂ©rieur : câest au travers des crises que lâon mesure en effet combien il importe de sâinscrire dans le temps long et de prĂ©parer lâavenir.  Pour construire une vision stratĂ©gique, identifier les conditions de sa mise en Ćuvre et planifier dans le temps sa rĂ©alisation, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur sâobligera Ă conduire une rĂ©flexion de moyen terme pour que la feuille de route ministĂ©rielle soit lâaiguillon dâune transformation profonde du ministĂšre, dans tous ses domaines de compĂ©tences. Cette dĂ©marche sera ouverte et participative, en interne au ministĂšre, avec les experts mĂ©tiers, les organisations reprĂ©sentatives des personnels et tous les agents intĂ©ressĂ©s. Elle sâouvrira aussi vers lâextĂ©rieur, pour confronter lâanalyse et les orientations de transformation au regard de chercheurs, universitaires ou animateurs de think-thanks.
Le ministĂšre de lâIntĂ©rieur engagera une dĂ©marche ouverte et participative pour dĂ©cliner les axes de la feuille de route ministĂ©rielle, prĂ©parer leur mise en Ćuvre et apprĂ©cier lâopportunitĂ© dâune loi de programmation de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure.
Calendrier : automne 2017 â conclusions en fin dâannĂ©e 2017.
Pour la mise en Ćuvre de la feuille de route, le ministĂšre sâappuiera sur le conseil de la stratĂ©gie et de la prospective, enceinte prĂ©sidĂ©e par le ministre, ouverte sur le monde de la recherche et de la rĂ©flexion, qui contribuera Ă lâĂ©valuation des actions de transformation engagĂ©es et sera rĂ©uni rĂ©guliĂšrement Ă cet effet.
Calendrier : réunion semestrielle du conseil de la stratégie et de la prospective.
Faire pleinement le choix de la déconcentration
Le ministĂšre de lâIntĂ©rieur a longtemps incarnĂ© une tradition centralisatrice de lâĂtat français. DĂ©sireux de travailler en rĂ©seaux avec ses partenaires, il fait aujourdâhui pleinement le choix de la dĂ©concentration. Ce choix repose sur la conviction quâune administration efficace et rĂ©active passe nĂ©cessairement par la responsabilisation des dĂ©cideurs locaux et par lâaccroissement de leurs marges de manĆuvre. Il sâappuie sur lâatout maĂźtre que reprĂ©sentent les rĂ©seaux du ministĂšre, solidement ancrĂ©s dans les territoires. Il vaut tout dâabord pour la conduite des politiques publiques dont le ministĂšre a la charge, mais sâapplique Ă©galement Ă toutes celles qui appellent une mise en Ćuvre locale, par lâintermĂ©diaire des prĂ©fets, rĂ©gulateurs et responsables de lâaction territoriale de lâĂtat. A cet Ă©gard, pour ce qui concerne le soutien de lâĂtat Ă lâinvestissement local, le choix prĂ©fĂ©rentiel de dotations globalisĂ©es et dĂ©concentrĂ©es sera confirmĂ©.
Dans le pĂ©rimĂštre des forces de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, une dĂ©concentration des dĂ©cisions de gestion concernant certains moyens sera mise en place, pour permettre aux responsables territoriaux de la police et de la gendarmerie nationales dâarbitrer en responsabilitĂ© sur la gestion de leurs moyens de fonctionnement, avec le concours des services experts dans les achats, la gestion budgĂ©taire et lâimmobilier. Lâefficience de la dĂ©pense sâen trouvera renforcĂ©e et la valorisation de son impact auprĂšs des agents de terrain sera facilitĂ©e. Lâinformation des personnels et militaires quant aux choix dâinvestissements faits devra ĂȘtre assurĂ©e.
Calendrier : exercice budgétaire 2018, une circulaire de gestion fondant la nouvelle organisation retenue.
Bien souvent, les porteurs de projets sont confrontĂ©s Ă des situations complexes, oĂč lâenchevĂȘtrement des rĂ©glementations donne lieu Ă des situations difficilement comprĂ©hensibles, voire non admissibles. Facilitateur, lâĂtat nâest lui-mĂȘme pas toujours en mesure de rĂ©gler ces situations. Il faut donc donner au dĂ©cideur local des marges de manĆuvre pour rĂ©gler des cas individuels complexes. Ainsi, la facultĂ© pour les prĂ©fets de dĂ©roger Ă la norme rĂ©glementaire, pour tenir compte de circonstances locales et faciliter lâatteinte dâun objectif dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral sera expĂ©rimentĂ©e dans une rĂ©gion pendant un an, Ă partir dâune liste prĂ©cise de situations oĂč cette possibilitĂ© sera ouverte.
Calendrier : publication au dernier trimestre 2017 dâun dĂ©cret permettant en 2018 une expĂ©rimentation dâun an dans deux rĂ©gions mĂ©tropolitaines et une collectivitĂ© dâoutre-mer de la facultĂ© pour les prĂ©fets de dĂ©roger Ă la norme rĂ©glementaire.
Sâappuyer sur les ressources et compĂ©tences du ministĂšre
ReprĂ©sentant 285 000 effectifs budgĂ©taires, les agents qui servent au sein des diffĂ©rents rĂ©seaux du ministĂšre de lâIntĂ©rieur sont sa principale richesse.
Pour accompagner les Ă©volutions des mĂ©tiers du ministĂšre de lâIntĂ©rieur et prĂ©parer les agents, dans tous les pĂ©rimĂštres, Ă la conduite de carriĂšres riches et diversifiĂ©es, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur travaillera Ă la mise en Ćuvre dâun plan de gestion prĂ©visionnelle des effectifs et des compĂ©tences au profit de lâensemble des mĂ©tiers du ministĂšre et notamment du corps prĂ©fectoral. Il sâagira de dĂ©velopper de vĂ©ritables parcours qualifiants dans une logique de « plans de relĂšve » permettant dâidentifier les profils susceptibles dâoccuper certains postes stratĂ©giques Ă 3, 6 ou 9 ans.
Concernant la sĂ©curitĂ© civile et les secours, la mise en Ćuvre de la loi du 28 dĂ©cembre 2016 relative aux sapeurs-pompiers professionnels et volontaires sera une prioritĂ©. Lâattention sera Ă©galement portĂ©e au dĂ©veloppement du volontariat, qui devra encore ĂȘtre encouragĂ©, au soutien de tous les acteurs de la sĂ©curitĂ© civile mais Ă©galement Ă la politique de prĂ©vention aux risques, quâils soient naturels, technologiques, bĂątimentaires ou domestiques.
Protéger
LâimpĂ©ratif dâefficacitĂ© pour protĂ©ger les Français commande, dans le domaine des politiques de sĂ©curitĂ©, des dĂ©cisions rapides, dont la mise en Ćuvre sera progressive.
1- Lutter efficacement contre le terrorisme, prévenir la radicalisation
Le niveau trĂšs Ă©levĂ© de menace terroriste auquel la France est confrontĂ©e nâest pas appelĂ© Ă sâattĂ©nuer. Le dispositif de lutte contre le terrorisme a beaucoup progressĂ© ces derniĂšres annĂ©es : il a produit des rĂ©sultats et sâest constamment adaptĂ© Ă lâĂ©volution des risques. Pour autant le cadre lĂ©gal de son action relĂšve pour une grande part dâun rĂ©gime dâexception et son organisation nâa pas Ă©tĂ© repensĂ©e Ă lâaune des exigences de la pĂ©riode actuelle. Dans ce domaine, il faut donc poursuivre et accroĂźtre inlassablement les efforts, au niveau europĂ©en, comme dans la recherche dâune plus grande coordination entre services et lâadaptation du cadre lĂ©gal Ă lâĂ©tat dĂ©sormais diffus de la menace.
1.1. Une meilleure coordination entre nos services de renseignement.
Le ministĂšre de lâIntĂ©rieur a contribuĂ© activement Ă la transformation de la coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme par la crĂ©ation en son sein du centre national de contre-terrorisme destinĂ© Ă favoriser le partage dâinformations, Ă mettre en Ćuvre une projection rapide des analyses, Ă mieux Ă©valuer lâĂ©tat de la menace et dĂ©finir les orientations et prioritĂ©s stratĂ©giques, tout en respectant la cohĂ©rence des organisations opĂ©rationnelles existantes, y compris au niveau territorial, qui sera renforcĂ©. Pour les organisations relevant du ministĂšre, une meilleure coordination passera par une rationalisation des structures (UCLAT, EMOPT) qui sera opĂ©rĂ©e dâici la fin de lâannĂ©e. Enfin, une organisation budgĂ©taire et de gestion des ressources humaines adaptĂ©e sera trouvĂ©e pour accompagner la montĂ©e en puissance du renseignement intĂ©rieur et lui permettre de disposer des compĂ©tences dont il a besoin, mais aussi conforter les capacitĂ©s dâaction du renseignement territorial.
Calendrier : Ă lâautomne 2017, revue de lâorganisation propre au ministĂšre ; dans le cadre de la loi de programmation des finances publiques, dĂ©finition des conditions de montĂ©e en puissance des services de renseignement (DGSI, renseignement territorial) en effectifs et en techniques dâaction ; Ă compter de lâexercice budgĂ©taire 2019, approche renouvelĂ©e de la gestion budgĂ©taire et de ressources humaines dans le cadre d'un plan stratĂ©gique pour la DGSI.
1.2. Plus de coopération avec nos partenaires
Au niveau europĂ©en, une action rĂ©solue est indispensable, pour conforter, par la coopĂ©ration avec nos partenaires, le niveau de sĂ©curitĂ© des français. La question du renforcement des contrĂŽles aux frontiĂšres extĂ©rieures a Ă©tĂ© ouverte dans le cadre des conseils europĂ©ens de sĂ©curitĂ©, dans la perspective dâun contrĂŽle systĂ©matique de tous les franchissements des frontiĂšres extĂ©rieures et dâune Ă©volution du droit de lâUnion pour acter de la possibilitĂ© de contrĂŽles souples et rĂ©actifs aux frontiĂšres intĂ©rieures. Des positions ambitieuses continueront Ă ĂȘtre dĂ©fendues pour mettre en Ćuvre les instruments europĂ©ens permettant de lutter contre le terrorisme (directive anti-blanchiment), lâaccĂšs aux armes et explosifs (directives armes Ă feu) et complĂ©ter le dispositif pour encadrer les plateformes, rĂ©seaux sociaux et messageries exploitĂ©es par les terroristes. Le ministĂšre sera Ă©galement pleinement engagĂ© pour rendre possible lâinteropĂ©rabilitĂ© entre fichiers et systĂšmes dâinformation des Ătats-membres et dĂ©velopper les outils propres Ă lâUnion, en veillant Ă leur ergonomie et leur efficacitĂ©, de maniĂšre Ă garantir sans dĂ©lais lâinformation des dĂ©cideurs.
Calendrier : automne 2017 pour la poursuite des discussions avec nos partenaires et la mise en place dâune Ă©quipe projet ministĂ©rielle sur les questions dâĂ©volution des systĂšmes dâinformation, tant internes, quâeuropĂ©ens.
1.3. De nouveaux outils législatifs et réglementaires
Au niveau national, pour protĂ©ger les Français dans le respect des libertĂ©s individuelles, des dispositions concrĂštes et ciblĂ©es seront introduites dans le droit commun par la loi renforçant la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et la lutte contre le terrorisme. Ces nouvelles mesures de police administrative entreront en vigueur le 1er novembre, date de la sortie de lâĂ©tat dâurgence. ConformĂ©ment au texte de loi votĂ© par le SĂ©nat, leur mise en Ćuvre sera assortie des garanties nĂ©cessaires. Le rĂ©gime dâexception quâest lâĂ©tat dâurgence sera rĂ©servĂ© aux circonstances vĂ©ritablement exceptionnelles.
Par ailleurs, le cadre juridique et technique de lâutilisation des fichiers, notamment du FSPRT, pour prĂ©venir les actes terroristes et empĂȘcher lâexercice de certains emplois, lâaccĂšs Ă certains lieux, ou encore lâacquisition et la dĂ©tention dâarmes par des personnes dont le comportement justifie ces restrictions, sera consolidĂ©. AprĂšs la saisie du Conseil dâĂtat par le Gouvernement fin mai, les dĂ©crets en ce sens ont Ă©tĂ© publiĂ©s. Une rĂ©flexion plus large sera engagĂ©e.
Calendrier : octobre 2017 pour lâadoption et la promulgation de la loi.
1.4. Un plan dâaction contre la radicalisation et le terrorisme
Dans le mĂȘme temps, pour traiter le phĂ©nomĂšne de radicalisation et organiser sa prĂ©vention, un nouveau plan dâaction contre la radicalisation et le terrorisme sera adoptĂ©. Par ce plan, les initiatives locales concluantes de partage dâinformations entre acteurs de la chaĂźne de prĂ©vention seront confortĂ©es et gĂ©nĂ©ralisĂ©es Ă lâensemble du territoire. Chef de file de la politique de prĂ©vention et de lutte contre la radicalisation, le ministĂšre prendra les initiatives nĂ©cessaires pour en Ă©valuer les diffĂ©rents aspects et coordonner sa mise en Ćuvre. Les actions de sensibilisation des entreprises privĂ©es et des diffĂ©rents acteurs de la sociĂ©tĂ© seront encouragĂ©es. Une solution pertinente de prise en charge, le cas Ă©chĂ©ant en lien avec la Chancellerie, sera proposĂ©e pour chaque public : adultes, mineurs, personnes isolĂ©es, familles ou encore personnes sous main de justice.
Calendrier : Automne 2017 pour la tenue dâun comitĂ© interministĂ©riel prĂ©sentant le nouveau plan dâaction contre la radicalisation et le terrorisme.
2- Faire reculer lâinsĂ©curitĂ© du quotidien
Les dĂ©lits et incivilitĂ©s dont sont victimes les Français dans leur vie quotidienne contribuent pour beaucoup au malaise dĂ©mocratique qui sâexprime dans le pays. Cette insĂ©curitĂ© ne peut ĂȘtre uniquement combattue par les formes classiques de lâintervention ou de lâenquĂȘte judiciaire. Elle doit ĂȘtre prise en charge dans lâaction quotidienne des forces de sĂ©curitĂ©, en nouant une nouvelle relation Ă la population, au contact des habitants. Pour restaurer la tranquillitĂ© du quotidien pour tous nos concitoyens, de nouveaux outils doivent ĂȘtre inventĂ©s, des choix structurants opĂ©rĂ©s et des ambitions retrouvĂ©es.
2.1. La police se la sécurité quotidienne
Pour mettre en Ćuvre la police de la sĂ©curitĂ© quotidienne, une large concertation sera engagĂ©e dĂšs septembre 2017. Associant les reprĂ©sentants dâĂ©lus et ceux des personnels de la filiĂšre de sĂ©curitĂ© publique de la police et de la gendarmerie nationales, ouverte Ă©galement Ă des chercheurs et aux divers professionnels du champ de la sĂ©curitĂ©, cette concertation permettra lâĂ©laboration dâune doctrine dâici lâautomne. Cette derniĂšre proposera notamment les moyens de rendre compte de lâaction des forces de sĂ©curitĂ© Ă nos concitoyens, dans une perspective plus qualitative, complĂ©tant les statistiques de la dĂ©linquance, rĂ©cemment refondues. Cette doctrine sera expĂ©rimentĂ©e dĂ©but 2018 dans une sĂ©rie de territoires illustrant la diversitĂ© du pays.
Calendrier : automne 2017 pour conduire les concertations et Ă©laborer la doctrine, dĂ©but 2018 pour engager une premiĂšre vague dâexpĂ©rimentations.
2.2. Une procédure pénale simplifiée
Lâambition de restaurer la sĂ©curitĂ© pour tous au quotidien ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e quâavec la mise en place de nouveaux instruments de rĂ©ponse pĂ©nale, autorisant des sanctions immĂ©diates, notamment pĂ©cuniaires, et reposant sur une procĂ©dure simplifiĂ©e. Sont ainsi visĂ©es la forfaitisation de certains dĂ©lits ou la possibilitĂ© de pouvoir solliciter de lâautoritĂ© judiciaire, dans des conditions simplifiĂ©es et pour une durĂ©e dĂ©terminĂ©e la frĂ©quentation dâun lieu aux fauteurs de troubles Ă lâordre public. Ces dispositions seront mises en Ćuvre conjointement avec le ministĂšre de la Justice. De mĂȘme, le chantier de la simplification de la procĂ©dure pĂ©nale et ceux qui permettront de restaurer la capacitĂ© opĂ©rationnelle des forces de sĂ©curitĂ© seront ouverts, pour redonner aux policiers et gendarmes des capacitĂ©s dâinitiatives, en les dĂ©chargeant des missions oĂč leur plus-value est la moins manifeste* et les recentrer sur le cĆur de leurs tĂąches : protĂ©ger, prĂ©venir, intervenir, enquĂȘter.
Calendrier : mise en place dâun groupe de contact permanent IntĂ©rieur / Justice Ă lâautomne, premiĂšres propositions dĂ©but 2018, projet de loi au premier semestre 2018.
2.3. Une réflexion sur les missions et responsabilités des différents acteurs de la sécurité
En complĂ©ment de la police du quotidien, une rĂ©flexion sur le continuum de missions et responsabilitĂ©s en matiĂšre de sĂ©curitĂ© entre les diffĂ©rents acteurs que sont les forces de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, les polices municipales et la sĂ©curitĂ© privĂ©e sera engagĂ©e. En rĂ©partissant mieux les rĂŽles et responsabilitĂ©s et en organisant une politique globale de sĂ©curitĂ©, concertĂ©e et mutualisĂ©e, la capacitĂ© de chacun de ces ensembles sera renforcĂ©e. Au-delĂ de ces acteurs bien identifiĂ©s, dont les compĂ©tences ont rĂ©cemment Ă©voluĂ©, il importe Ă©galement de mieux associer tous ceux qui souhaitent Ćuvrer Ă la sĂ©curitĂ© collective, par lâengagement dans la garde nationale ou la rĂ©serve citoyenne, ou simplement pour contribuer au lien entre police et population. En ce domaine, il faudra permettre un accĂšs direct aux policiers et gendarmes prĂ©sents sur le terrain Ă celles et ceux qui, dans les conseils de quartier, voudraient porter une attention spĂ©cifique aux questions de sĂ©curitĂ©. Une personnalitĂ© dâenvergure nationale sera missionnĂ©e pour procĂ©der Ă un diagnostic de la situation et former des propositions.
Calendrier : automne 2017 dĂ©signation dâune personnalitĂ©, premier semestre 2018 remise des propositions, y compris portant sur lâorganisation de la prise en compte du continuum de sĂ©curitĂ©s au sein du ministĂšre de lâIntĂ©rieur, aujourdâhui trĂšs Ă©clatĂ©e.
2.4. Une nouvelle Ă©tape pour rĂ©duire lâinsĂ©curitĂ© routiĂšre
La sĂ©curitĂ© du quotidien, câest aussi la sĂ©curitĂ© sur les routes. La remontĂ©e, depuis trois ans, du nombre de tuĂ©s sur la route justifie de redoubler dâefforts pour inverser cette tendance et porter lâambition, comme dĂ©cidĂ© par le Conseil de lâUnion europĂ©enne en 2010, de rĂ©duire de moitiĂ© le nombre de morts dâici 2020, soit 2000. Pour cela, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur mobilisera la communautĂ© interministĂ©rielle, autour dâactions positives de prĂ©vention, qui seront plus ciblĂ©es sur les publics les plus concernĂ©s et davantage mises en Ćuvre au niveau local, en lien avec les acteurs de terrain, mais aussi dâune modernisation des instruments de la sĂ©curitĂ© routiĂšre, en renforçant la qualitĂ© du systĂšme de sanctions (vidĂ©o-verbalisation, kits de dĂ©tection de lâusage de produits stupĂ©fiants, refonte de la stratĂ©gie radars en ayant recours Ă des leurres, externalisation des radars embarquĂ©s) et en prĂ©parant dĂšs aujourdâhui les enjeux de demain (rĂ©flexion sur les rĂšgles de limitation de la vitesse, voitures autonomes, exploitation des opportunitĂ©s du big data pour prĂ©venir lâaccidentalitĂ© et rĂ©primer les infractions, utilisation des systĂšmes de contrĂŽle automatisĂ© Ă des fins environnementalesâŠ).
Calendrier : rĂ©union dâun comitĂ© interministĂ©riel de la sĂ©curitĂ© routiĂšre avant la fin de lâannĂ©e 2017, pour concerter avec les parties intĂ©ressĂ©es Ă la sĂ©curitĂ© routiĂšre les axes indispensables pour tenir lâambition de faire Ă nouveau baisser le nombre de tuĂ©s sur les routes en dĂ©bouchant sur un plan dâaction sĂ©quencĂ© dans le temps sur cinq ans.
3- Planifier, pour garantir les moyens dâune politique de sĂ©curitĂ© ambitieuse
Pour assurer efficacement leurs missions au service de la sĂ©curitĂ©, premiĂšre de nos libertĂ©s, les forces de sĂ©curitĂ© et de secours doivent disposer de capacitĂ©s humaines adaptĂ©es, bien Ă©quipĂ©es et convenablement installĂ©es. Cela est indispensable pour garantir que le ministĂšre soit Ă mĂȘme de gĂ©rer simultanĂ©ment plusieurs crises majeures (terrorisme, catastrophes naturelles, incendies, afflux massifs de populationsâŠ) et se prĂ©munir dâun risque capacitaire. Compte tenu de lâampleur et de lâintensitĂ© des Ă©vĂ©nements, de lâusure des Ă©quipements et des installations, ce risque, pour la sĂ©curitĂ© publique comme pour la sĂ©curitĂ© civile, nâest aujourdâhui plus hypothĂ©tique. Les diffĂ©rents plans de renforcement de ces derniĂšres annĂ©es ont permis de remettre Ă niveau les moyens requis. Cet effort doit ĂȘtre maintenu, selon un cadencement permettant dâen produire lâessentiel sans attendre et en donnant une lisibilitĂ© plus grande aux mesures dĂ©cidĂ©es, Ă un horizon au moins triennal. Cet horizon sera notamment recherchĂ© pour les investissements les plus lourds, en particulier en matiĂšre de moyens aĂ©riens de sĂ©curitĂ© civile, pour lesquels un effort significatif sera engagĂ© afin de permettre Ă notre systĂšme de lutte contre les incendies de rester au niveau de performance exceptionnel qui est le sien aujourdâhui, comme lâa encore dĂ©montrĂ© la gestion de la saison estivale 2017.
3.1. Un plan dâaction sur cinq ans en matiĂšre de ressources humaines, technologiques et bĂątimentaires
Une fois ce cap dĂ©terminĂ©, il convient de planifier dans le temps les mesures requises pour maintenir Ă niveau le contrat opĂ©rationnel, en matiĂšre de personnels, pour cadencer le recrutement des 10 000 effectifs supplĂ©mentaires de policiers et gendarmes auquel le PrĂ©sident de la RĂ©publique sâest engagĂ©, mais aussi de modernisation technologique, dâĂ©quipements et de locaux de travail, en veillant Ă ce que lâexpression de besoins soit complĂšte et exhaustive. Parce que leur financement fera nĂ©cessairement appel Ă la solidaritĂ© gouvernementale, dans un contexte contraint sur la trajectoire des finances publiques, rendre compte de maniĂšre pĂ©riodique et dĂ©taillĂ©e de lâexĂ©cution de ces plans sera incontournable, au plan local, comme au niveau national.
Calendrier : Ă lâautomne 2017, dans le cadre de la loi de programmation des finances publiques, arrĂȘter une programmation stratĂ©gique donnant une visibilitĂ© claire sur lâensemble des instruments de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, permettant dâengager la part la plus importante de lâeffort souhaitĂ© dĂšs 2018 ; dĂ©finir corollairement les modalitĂ©s du suivi de son exĂ©cution au plan local, comme national. A chaque Ă©chĂ©ance de point dâĂ©tape sur la mise en Ćuvre de la feuille de route, rendre compte de lâexĂ©cution des plans dĂ©cidĂ©s.
3.2. Des réformes de structure pour faire baisser la dépense
GrĂące Ă cette dĂ©marche de planification, le ministĂšre disposera de lâassurance que le niveau dâengagement opĂ©rationnel requis est garanti. Il pourra dĂšs lors sâengager dans des rĂ©formes de structure et travailler Ă lâefficience de son organisation. Dans ce domaine, il sâagira de mener jusquâĂ leur terme certaines Ă©volutions : optimisation des capacitĂ©s de police technique et scientifique par la mutualisation, convergence des moyens aĂ©riens Ă la disposition des forces, Ă©laboration dâun contrat capacitaire unique et rationalisation des modes dâintervention des diffĂ©rentes forces dâintervention, poursuite des redĂ©ploiements territoriaux police / gendarmerie parallĂšlement Ă la mise en place de protocoles de coopĂ©ration. Le ministĂšre ne sâinterdira dâexaminer aucune piste de travail pour amĂ©liorer la coordination et lâarticulation des services placĂ©s sous lâautoritĂ© du ministre.
Dâautres voies seront encore explorĂ©es, pour examiner mĂ©thodiquement les possibilitĂ©s de substitution de personnels actifs par des personnels administratifs, rationnaliser les modes de fonctionnement et les maniĂšres de travailler dans les Ă©tats-majors parisiens ou encore pour le portage mutualisĂ© de projets structurants, telles que les infrastructures radio de demain ou lâĂ©quipement des salles de commandement. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la mutualisation sera mise en place dans tout le pĂ©rimĂštre ministĂ©riel pour les fonctions de soutien et de logistique. Lâobjectif recherchĂ© est de disposer de plus de forces de sĂ©curitĂ© dans lâespace public.
La recherche dâune plus grande efficacitĂ© passera aussi par le dĂ©veloppement des expĂ©riences de plateformes uniques dâappel dâurgence et de systĂšmes de gestion de lâalerte plus modernes et intĂ©grĂ©s.
Calendrier : A chaque Ă©chĂ©ance de point dâĂ©tape de la feuille de route, faire le point des mesures structurelles dĂ©cidĂ©es et du rythme de leur mise en Ćuvre.
Garantir
4- Construire une politique migratoire maßtrisée et équilibrée
Comme lâensemble de ses partenaires europĂ©ens, la France est depuis plusieurs annĂ©es le point dâarrivĂ©e de flux migratoires sans commune mesure avec ceux connus dans la pĂ©riode rĂ©cente. La France a reçu en 2016 plus de 85 000 demandes dâasile, soit plus de 40 % de plus quâen 2012, auxquelles sâajoutent les personnes bĂ©nĂ©ficiaires du dispositif europĂ©en de relocalisation. Elle est en outre actuellement confrontĂ©e Ă des dĂ©fis nouveaux : arrivĂ©es en France de migrants sâĂ©tant vu refuser lâasile dans dâautres pays europĂ©ens (en Allemagne, par exemple), impacts de la crise migratoire connue par lâItalie voisine, qui a vu, depuis le dĂ©but de lâannĂ©e 2017, arriver plus de 90 000 migrants, venus sâajouter aux 200 000 dĂ©jĂ prĂ©sents sur le territoire de ce pays.
Cette Ă©volution rĂ©sulte de la recherche de protection, face Ă des situations de conflits armĂ©s (Syrie, Irak). Pour ces personnes, le droit dâasile doit sâappliquer de maniĂšre inconditionnelle, conformĂ©ment aux engagements internationaux de la France. Cette pression sera durable. Mais la dynamique observĂ©e rĂ©sulte aussi de migrations Ă caractĂšre Ă©conomique, structurĂ©es par lâaction de vĂ©ritables filiĂšres, qui organisent lâarrivĂ©e de flux importants de populations au sein de lâUnion europĂ©enne, venus souvent de pays lointains, par exemple du sous-continent indien, et transitant par lâAfrique de lâOuest pour gagner la Libye, dâoĂč ils rejoignent les cĂŽtes italiennes. Il sâagit lĂ de vĂ©ritables trafics dâĂȘtres humains, qui croisent souvent les routes de la drogue.
Face Ă cette situation, qui nâest pas satisfaisante et ne peut ĂȘtre soutenue durablement, il faut construire une politique migratoire Ă©quilibrĂ©e et maĂźtrisĂ©e, reposant non seulement sur une action Ă lâĂ©gard des pays dâorigine et de transit et une politique assumĂ©e de lutte contre lâimmigration irrĂ©guliĂšre, mais aussi sur une politique dâintĂ©gration Ă la hauteur des enjeux. La France ne saurait par ailleurs se priver de lâapport des talents et compĂ©tences, quâil faut continuer, plus encore que par le passĂ©, Ă pouvoir attirer vers notre pays. La plan prĂ©sentĂ© le 12 juillet dernier vise Ă remplir ces objectifs et structurera lâaction du gouvernement. Pour les aspects lĂ©gislatifs, il se traduira par le dĂ©pĂŽt dâun projet de loi Ă lâautomne 2017. Sâagissant du MinistĂšre de lâIntĂ©rieur, il comporte les orientations suivantes :
4.1. Une action forte sur le plan international
Afin dâagir sur les flux avant quâils nâarrivent sur le continent europĂ©en, le ministĂšre continuera Ă prendre toute sa place dans la dĂ©finition dâune conduite Ă tenir quant aux pays dâorigine ou de transit des migrants, pour agir Ă la source des difficultĂ©s aujourdâhui rencontrĂ©es et tout particuliĂšrement sur les filiĂšres Ă la manĆuvre pour organiser les flux de migrants. Ces Ătats sont le plus souvent conscients du caractĂšre aigu de la situation prĂ©sente, qui ne concourt pas Ă leur stabilitĂ©. Ils pourront ĂȘtre des partenaires utiles. Des premiers contacts ont Ă©tĂ© nouĂ©s, aussi bien avec les pays dâorigine, que les pays de transit ou que nos partenaires europĂ©ens, et qui ont abouti Ă une meilleure maĂźtrise des flux migratoires en direction de lâItalie. Ils seront dĂ©veloppĂ©s durant toute la durĂ©e du quinquennat.
Calendrier : contacts bilatĂ©raux, multilatĂ©raux et dans le cadre de lâUnion europĂ©enne avec les ministres de lâIntĂ©rieur des pays dâorigine ou de transit, sur une base rĂ©guliĂšre, tout au long du quinquennat.
4.2. Une rĂ©duction des dĂ©lais dâinstruction du droit dâasile
Lâasile est â et doit demeurer â un droit imprescriptible. Pour garantir sa mise en Ćuvre dans de bonnes conditions, le dĂ©lai moyen de traitement des demandes dâasile doit ĂȘtre rĂ©duit. A droit constant, les outils existants seront optimisĂ©s par des mesures dâorganisation et dâĂ©volution des procĂ©dures. Le positionnement dâofficiers de lâOFPRA dans les rĂ©gions qui se caractĂ©risent par une forte intensitĂ© de demandes uniformes est sur le point dâĂȘtre expĂ©rimentĂ© Ă Cayenne, Lyon et Metz. Le raccourcissement des dĂ©lais Ă la Cour nationale du droit dâasile et le rapprochement du traitement des dossiers par la Cour du terrain sera Ă©galement poursuivi, en lien avec le ministĂšre de la justice. En complĂ©ment de ces mesures, il faudra sâobliger Ă inflĂ©chir les dĂ©lais de traitement de la demande dâasile, pour que celles et ceux qui ont besoin dâune protection en bĂ©nĂ©ficient plus rapidement. Le projet de loi prĂ©voira donc les dispositions permettant de tendre vers un dĂ©lai moyen de traitement de la demande dâasile de six mois, recours inclus. Cette rĂ©forme facilitera lâaccĂšs aux droits et amĂ©liorera lâaccueil des migrants, qui demeurent aujourdâhui parfois durant des mois, en pleine incertitude quant Ă leur situation et dans des conditions de prise en charge insatisfaisantes. Dans le mĂȘme temps, elle contribuera Ă une meilleure maĂźtrise de la trajectoire des dĂ©penses dâhĂ©bergement et dâallocations.
En parallĂšle, des efforts seront dĂ©ployĂ©s en faveur de lâaccueil et de lâhĂ©bergement des demandeurs dâasile : deux centres dâaccueil et dâexamen des situations ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s dans les Hauts-de-France, et 7 500 places supplĂ©mentaires dâhĂ©bergement seront crĂ©Ă©es dans le dispositif national dâaccueil des demandeurs dâasile en 2018 et 2019, afin de porter le nombre total de places Ă 87 000.
Calendrier : mise en Ćuvre des mesures dâorganisation dâici la fin 2017 ; dĂ©pĂŽt dâun projet de loi Ă lâautomne 2017.
4.3. Une politique dâĂ©loignement crĂ©dible
Dans le respect de ses engagements internationaux, la France est dĂ©terminĂ©e Ă mettre en Ćuvre une politique de lutte contre lâimmigration irrĂ©guliĂšre, sâappuyant notamment sur une politique dâĂ©loignements crĂ©dible. Pour ce faire, un ensemble dâactions visant Ă une plus grande efficacitĂ© de la lutte contre lâimmigration irrĂ©guliĂšre sera dĂ©ployĂ© Ă court terme : moyens spĂ©cialisĂ©s dans la mise en Ćuvre des procĂ©dures Dublin, instructions aux prĂ©fets pour mettre en Ćuvre les mesures dâĂ©loignement, dĂ©ploiement de nouveaux outils informatiques etc. La politique de lâĂ©loignement est depuis quelques semaines pilotĂ©e de maniĂšre dynamique, au plus prĂšs de lâaction des prĂ©fets et des forces de lâordre, ce qui a permis dâen accroĂźtre lâefficacitĂ©. Enfin, un appui spĂ©cifique aux dĂ©partements qui connaissent une situation particuliĂšrement difficile sera organisĂ©.
Calendrier : mise en Ćuvre pendant lâĂ©tĂ© et lâautomne 2017 des actions prĂ©vues par la communication en Conseil des ministres du 12 juillet tendant Ă une meilleure efficacitĂ© de la lutte contre lâimmigration irrĂ©guliĂšre.
4.4. Une lutte plus efficace contre lâimmigration irrĂ©guliĂšre
ParallĂšlement, en complĂ©ment dâinitiatives Ă prendre au niveau europĂ©en pour rouvrir la discussion sur la directive dite « retour », il faudra doter la politique de lutte contre lâimmigration irrĂ©guliĂšre dâinstruments plus efficaces, ce qui appelle une lĂ©gislation renforcĂ©e. Celle-ci devra ĂȘtre plus constructive en matiĂšre dâaccompagnement des retours volontaires, et revisiter les rĂ©gimes de la retenue pour vĂ©rification du droit au sĂ©jour et de la rĂ©tention administrative, en vue de permettre lâĂ©loignement effectif des Ă©trangers qui nâont pas vocation Ă rester sur notre territoire.
Calendrier : dĂ©pĂŽt dâun projet de loi Ă lâautomne 2017
4-5. Un plan dâintĂ©gration des Ă©trangers en France
Trop souvent par le passĂ©, les premier mois dâaccueil des bĂ©nĂ©ficiaires du droit dâasile, des rĂ©fugiĂ©s mais aussi dâautres Ă©trangers dont le droit au sĂ©jour n'ont pas Ă©tĂ© accompagnĂ©s des mesures qui permettent leur pleine intĂ©gration dans la sociĂ©tĂ© française. Pourtant, lâintĂ©gration des Ă©trangers en France est un enjeu de premier plan de cohĂ©sion sociale, qui tend Ă croĂźtre, Ă mesure que les caractĂ©ristiques des personnes qui rejoignent la France, plus jeunes, moins francophones, parfois plus Ă©loignĂ©es du marchĂ© de lâemploi, se spĂ©cifient. Les moyens mobilisĂ©s Ă cette fin ne sont aujourdâhui clairement pas Ă la hauteur des enjeux. ParallĂšlement Ă une politique assumĂ©e de maĂźtrise des flux, pour celles et ceux qui se sont vus reconnaĂźtre lâasile ou le droit au sĂ©jour, une vĂ©ritable politique dâaccueil et dâintĂ©gration sera mise en place, pour leur garantir une rĂ©elle Ă©galitĂ© des chances.
Sur la base de travaux comparatifs poussĂ©s des politiques conduites par les partenaires de la France en Europe et dans le monde et dâune consultation des chercheurs dont les travaux font rĂ©fĂ©rence, des propositions de refonte ambitieuse de notre politique dâintĂ©gration seront rapidement formulĂ©es par un parlementaire en mission nommĂ© Ă trĂšs court terme auprĂšs du ministre de lâIntĂ©rieur.
Calendrier : nomination dans les prochaines semaines dâun parlementaire en mission chargĂ© de conduire la refonte de la politique dâintĂ©gration des Ă©trangers, qui mĂšnera les consultations en vue de bĂ©nĂ©ficier dâune analyse comparĂ©e des politiques conduites par nos principaux partenaires dâici Ă la fin de lâannĂ©e 2017 ; adoption de la rĂ©forme proposĂ©e par un conseil interministĂ©riel sur lâintĂ©gration rĂ©uni Ă la fin de lâannĂ©e.
4.6. Une politique dâattractivitĂ©
Dernier pilier de notre politique, la France assume et croit en son attractivitĂ© et ne saurait se priver de lâapport de talents et de compĂ©tences qui viennent enrichir notre sociĂ©tĂ©. Avec le ministĂšre de lâEurope et des affaires Ă©trangĂšres, toutes les mesures utiles pour faciliter lâarrivĂ©e des talents, des Ă©tudiants et de jeunes professionnels seront prises, quâelles reposent sur la modernisation de la dĂ©livrance des visas ou la conception de dispositifs particuliers pour les jeunes - Ă©tudiants ou travailleurs - et les talents internationaux.
Calendrier : dĂ©pĂŽt dâun projet de loi Ă lâautomne 2017.
4.7. Une modernisation des processus de délivrance des titres de séjour.
MalgrĂ© les dĂ©fis trĂšs importants Ă relever et lâindĂ©niable rĂ©alitĂ© du choc migratoire connu depuis plusieurs annĂ©es, les conditions sont aujourdâhui rĂ©unies pour quâĂ Â moyen terme, une rĂ©forme de structure soit engagĂ©e pour revoir en profondeur les modalitĂ©s dâaccueil des publics Ă©trangers en prĂ©fecture et de dĂ©livrance des titres de sĂ©jour. En sâappuyant notamment sur des Ă©volutions de systĂšmes dâinformation, des tĂ©lĂ©-procĂ©dures et des dispositifs qui garantissent lâaccessibilitĂ© de tous Ă ces derniĂšres, cette rĂ©forme permettra pour les usagers de simplifier les dĂ©marches et procĂ©dures, de sĂ©curiser les titres dĂ©livrĂ©s, dâoptimiser les conditions de travail des agents et dâamĂ©liorer lâefficience du service rendu en ce domaine par les prĂ©fectures. Enfin, pour une large part, une telle rĂ©forme est susceptible dâĂȘtre financĂ©e par des fonds europĂ©ens.
Calendrier : discussion sur les principes et la mĂ©thode de la rĂ©forme engagĂ©e dĂšs lâĂ©tĂ© ; prĂ©sentation devant les instances de concertation avec les reprĂ©sentants des personnels Ă la fin de lâannĂ©e ; mise en Ćuvre progressive de la rĂ©forme sur la pĂ©riode 2019-2022.
5- Promouvoir une laïcité de liberté
ChargĂ© des cultes, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur doit garantir Ă chaque Français le droit de croire ou ne pas croire. A ce sujet, il convient dâappliquer strictement et pleinement les textes fondateurs, dans une volontĂ© dâapaisement qui Ă©tait prĂ©cisĂ©ment celle dâAristide Briand, rapporteur de la loi de sĂ©paration des Ăglises et de lâĂtat, quand il soulignait quâil ne sâagissait pas « de donner le signal des luttes confessionnelles » mais de « se montrer respectueux de toutes les croyances » en leur laissant « la facultĂ© de sâexprimer librement ». Câest en effet une laĂŻcitĂ© de libertĂ© que le ministĂšre de lâIntĂ©rieur doit promouvoir, permettant Ă chacun dâexercer son culte Ă la condition quâil le fasse dans le respect des lois, de lâordre public et des valeurs de la RĂ©publique.
Câest pourquoi si chacun doit pouvoir en France croire ou ne pas croire et pratiquer la religion de son choix, nous combattrons par contre tous ceux qui, en invoquant la religion, appellent Ă la haine et cherchent Ă semer la discorde. Nous encouragerons au contraire toutes les initiatives qui visent Ă inscrire les religions dans le cadre rĂ©publicain.
En complĂ©ment des cadres bilatĂ©raux de relations avec les reprĂ©sentants des cultes, une instance informelle de dialogue et de concorde entre les autoritĂ©s des principaux cultes pourra ĂȘtre rĂ©unie autour du ministre.
Enfin, concernant lâIslam, les travaux visant Ă accompagner la structuration dâun Islam de France seront poursuivis.
Calendrier : second semestre 2017 pour la poursuite des travaux visant Ă accompagner la structuration de lâIslam de France ; dĂ©cembre 2017 pour lâinstallation dâune nouvelle instance informelle interconfessionnelle.
6- Garantir lâexercice de nos droits fondamentaux en adaptant leurs modalitĂ©s dâexercice aux Ă©volutions sociales et technologiques
6.1. Une réforme de notre systÚme électoral, un droit de vote plus simple et plus accessible
Pour rĂ©pondre Ă la crise de reprĂ©sentation que connaĂźt depuis plusieurs dĂ©cennies notre pays, le PrĂ©sident de la RĂ©publique sâest engagĂ© Ă rĂ©former notre systĂšme Ă©lectoral. Ainsi les prochaines Ă©lections lĂ©gislatives dĂ©signeront-elles autour de 400 dĂ©putĂ©s au lieu de 577, dont une part selon le mode de scrutin proportionnel. Une commission de haut niveau, pluraliste, dont le ministĂšre de lâIntĂ©rieur assurera le secrĂ©tariat, sera mise en place pour proposer une Ă©volution du mode de scrutin et une reconfiguration des circonscriptions lĂ©gislatives pour tenir compte de la baisse du nombre de parlementaires, dans le respect du droit, dont les principes relatifs Ă la reprĂ©sentativitĂ© ne seront pas modifiĂ©s.
Par ailleurs, pour rendre lâexercice du droit de vote plus simple et plus accessible, la procĂ©dure destinĂ©e Ă Ă©tablir une procuration sera simplifiĂ©e et dĂ©matĂ©rialisĂ©e. Les conditions de mise en Ćuvre du vote Ă©lectronique feront lâobjet dâun examen approfondi, tenant compte des enjeux de sĂ©curitĂ© des systĂšmes dâinformation. Dâautres mesures de simplification, concourant Ă©galement Ă la sĂ©curitĂ© informatique, juridique et matĂ©rielle des scrutins Ă©lectoraux seront proposĂ©es, parmi lesquelles la dĂ©matĂ©rialisation de la propagande Ă©lectorale, la normalisation des bulletins de vote et lâinterdiction des machines Ă voter.
Calendrier : dĂ©pĂŽt dâun projet de loi au premier semestre 2018, pour les rĂ©formes de lâorganisation des scrutins de portĂ©e lĂ©gislative rendu de propositions pour la mise en Ćuvre du vote Ă©lectronique en 2019 ; rendu des travaux proposant un redĂ©coupage des circonscriptions lĂ©gislatives pour le printemps 2020.
6.2. Un compte citoyen en ligne, adossé à une identité numérique sécurisée
Clef essentielle de lâaccĂšs aux droits, le fait de se voir reconnaĂźtre une identitĂ© attestĂ©e et sĂ©curisĂ©e est un droit premier, pour chaque personne. Ce droit fondamental se trouve bouleversĂ© par la rĂ©volution numĂ©rique. Dâune part, pour nos concitoyens, comme pour nombre dâopĂ©rateurs Ă©conomiques, le besoin se fait croissant de pouvoir justifier de son identitĂ© selon un format numĂ©rique, simple dâusage. Dâautre part, avec le numĂ©rique, les risques de fraude Ă lâidentitĂ© sont susceptibles dâĂȘtre dĂ©multipliĂ©s : lâexigence de sĂ©curisation de lâidentitĂ© dĂ©livrĂ©e sâen trouve dâautant plus Ă©levĂ©e. Enfin, pour son compte propre (procurations dĂ©matĂ©rialisĂ©es, renouvellement de titres en ligne, authentification de lâidentitĂ© par les forces de sĂ©curitĂ©âŠ), lâĂtat a lui aussi grand besoin de standards dâidentitĂ© numĂ©rique. Dans le cadre dĂ©fini par la lĂ©gislation europĂ©enne et notamment le rĂšglement dit « e-IDAS » et dans le prolongement de sa responsabilitĂ© historique de dĂ©livrance des titres dâidentitĂ©, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur se positionnera comme maĂźtre dâouvrage et maĂźtre dâĆuvre de lâĂ©laboration de solutions dâidentitĂ© numĂ©rique, Ă la fois accessibles Ă tous, car il sâagit dâun droit fondamental, et rĂ©pondant aux standards de sĂ©curitĂ© et de protection des droits les plus Ă©levĂ©s. Il fera fonction dâinterlocuteur unique au niveau interministĂ©riel et portera les positions du Gouvernement dans les enceintes europĂ©ennes. Les solutions qui seront dĂ©veloppĂ©es sâintĂ©greront dans le projet plus vaste de crĂ©ation dâun compte citoyen en ligne et se matĂ©rialiseront dans des produits ergonomiques et Ă faible coĂ»t. La mise Ă disposition de cette technologie Ă des opĂ©rateurs privĂ©s pourra permettre de dĂ©gager des ressources propres.
Calendrier : dâici Ă la fin de lâannĂ©e 2017, mise en place dâune gouvernance de projet au sein du ministĂšre et formalisation dâun mandat interministĂ©riel ; aboutissement au premier semestre 2018 dâun travail Ă conduire avec lâANSSI pour notifier Ă la Commission europĂ©enne un schĂ©ma dâidentification ; Ă lâĂ©tĂ© 2018, livraison des prototypes dâidentitĂ© numĂ©rique ; Ă la rentrĂ©e 2019, ouverture de ce nouveau service rendu au public, sur demande des administrĂ©s ou Ă lâoccasion du renouvellement dâun titre.
6-3. Une sĂ©curitĂ© accrue pour les systĂšmes dâinformation du MinistĂšre
Les enjeux de sĂ©curitĂ© des systĂšmes dâinformation sont croissants, dâune part compte tenu de lâĂ©tat de la menace, dâautre part en raison du recours toujours plus important Ă des systĂšmes abritant des donnĂ©es protĂ©gĂ©es (par exemple en matiĂšre dâidentitĂ©, ou encore pour les fichiers de police) ou concourant Ă des opĂ©rations sensibles (par exemple, Ă la consolidation des rĂ©sultats dâopĂ©rations Ă©lectorales). A plusieurs reprises dans la pĂ©riode rĂ©cente, le ministĂšre a Ă©tĂ© confrontĂ© Ă des limites qui lâont conduit Ă devoir dans lâurgence parfaire lâĂ©tat de ses dispositifs, amĂ©liorer la profondeur et la robustesse de ses dĂ©fenses et se protĂ©ger contre le risque de dĂ©voiement des systĂšmes dâinformation. Or, il sâagit dâune matiĂšre dans laquelle le ministĂšre nâa pas le droit Ă lâerreur : la confiance de nos concitoyens dans les dispositifs quâil porte serait en effet trĂšs directement affectĂ©e par une dĂ©faillance, qui mettrait en cause la confidentialitĂ© et lâintĂ©gritĂ© des donnĂ©es utilisĂ©es. Face Ă des risques opĂ©rationnels significatifs et Ă des risques politiques et dâimage tout aussi importants, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur clarifiera en son sein la rĂ©partition des compĂ©tences, fera Ă©voluer la gouvernance de la politique de sĂ©curitĂ© des systĂšmes dâinformation pour le compte de tout le pĂ©rimĂštre ministĂ©riel, y compris les opĂ©rateurs qui lui sont rattachĂ©s, et dĂ©veloppera une capacitĂ© autonome dâexpertise et de cyberdĂ©fense. Cette entreprise a une forte dimension de mutualisation, incontournable dĂšs lors quâil sâagit de ressources rares et par consĂ©quent trĂšs prĂ©cieuses.
Calendrier : en dĂ©but dâannĂ©e 2018, proposition de gouvernance rĂ©novĂ©e de la politique de sĂ©curitĂ© des systĂšmes dâinformation du ministĂšre, assortie dâun plan de renforcement des moyens humains et techniques nĂ©cessaires au dĂ©ploiement dâune politique crĂ©dible et efficace de sĂ©curitĂ© des systĂšmes dâinformation ministĂ©riels.
Servir
7- Rendre le service public plus proche, plus simple, plus moderne
Le ministĂšre de lâIntĂ©rieur a fortement investi dans la modernisation du service public. GrĂące aux rĂ©formes mises en Ćuvre, il contribue Ă ce que la France se situe aujourdâhui en pointe, selon plusieurs classements, en matiĂšre dâe-administration.
Pour conserver ce temps dâavance, le ministĂšre continuera dâinnover, pour simplifier les dĂ©marches des usagers, privilĂ©gier lâefficacitĂ© et dĂ©gager les agents publics des tĂąches fastidieuses en sâappuyant sur les ressources quâoffrent les nouvelles technologies. Une offre complĂšte de services publics de proximitĂ© sera ainsi construite sous forme dĂ©matĂ©rialisĂ©e, avec le souci de veiller aux indispensables garanties dâaccessibilitĂ© de tous Ă ces tĂ©lĂ©-procĂ©dures. Le maillage dense des prĂ©fectures, sous-prĂ©fectures et maisons de lâĂtat le permet et le favorise, grĂące aux points numĂ©riques et services de mĂ©diation numĂ©rique dĂ©ployĂ©s au plus prĂšs de la population. Ce rĂ©seau pourra ĂȘtre mis Ă la disposition de partenaires dĂ©sireux de sâinscrire dans ce mouvement. Ce faisant, le ministĂšre confirmera son rĂŽle de fer de lance dans la modernisation des services rendus au public et dâinterlocuteur de proximitĂ©, grĂące Ă son rĂ©seau territorial, permettant lâinclusion de tous.
Les travaux devant permettre la mise au point de cette offre complĂšte de services seront conduits tout au long du quinquennat et priorisĂ©s pour les procĂ©dures qui font dâores et dĂ©jĂ lâobjet de fortes attentes (plainte en ligne, procuration Ă©lectorale dĂ©matĂ©rialisĂ©e, tĂ©lĂ©-procĂ©dures relatives aux titres de sĂ©jour, dĂ©matĂ©rialisation des justificatifs de domicile). Pour accompagner ce mouvement, le ministĂšre sâengagera dans des dĂ©marches de prĂ©vention et de lutte contre la dĂ©linquance numĂ©rique de masse, qui pourrait affecter la confiance de nos concitoyens dans ces nouvelles formes de services. Un plan dâaction Ă cet effet sera prĂ©parĂ© par le groupe de contact permanent IntĂ©rieur / Justice, qui apprĂ©ciera de la nĂ©cessitĂ© de faire Ă©voluer ou non le cadre lĂ©gislatif de lâaction des forces de sĂ©curitĂ© en matiĂšre de lutte contre la cybercriminalitĂ©.
Calendrier : pour la fin de lâannĂ©e 2017, validation dâun programme de travail quinquennal en vue de la mise en place dâune offre complĂšte de services publics dĂ©matĂ©rialisĂ©s et formalisation dâune offre de services Ă la communautĂ© interministĂ©rielle pour mettre Ă disposition le rĂ©seau de points numĂ©riques et de mĂ©diateurs du numĂ©riques ; mise en Ćuvre du programme jusquâen 2022 ; validation fin 2017 dâun plan dâaction Ă dĂ©ployer en 2018 de lutte contre la cyberdĂ©linquance.
8- CrĂ©er les conditions dâun approfondissement de la rĂ©forme de lâadministration territoriale de lâĂtat
Lâadministration territoriale de lâĂtat a connu ces derniĂšres annĂ©es de nombreuses rĂ©formes. Sa structure se caractĂ©rise dĂ©sormais par lâĂ©mergence de grands pĂŽles dâexpertise technique, dans des directions rĂ©gionales reconfigurĂ©es, autour des prĂ©fets de rĂ©gion. Sâagissant des prĂ©fectures, dans un contexte de forte contrainte budgĂ©taire, elles ont su, notamment au travers du plan « prĂ©fectures nouvelle gĂ©nĂ©ration », se rĂ©former de maniĂšre dynamique, pour rĂ©investir des missions prioritaires (gestion de crise, lutte contre la fraude, coordination de la mise en Ćuvre des politiques publiques de lâĂtat, contrĂŽle et conseil des collectivitĂ©s), tout en adaptant les activitĂ©s de dĂ©livrance de titres Ă la nouvelle donne numĂ©rique.
Toutefois, avec dĂ©sormais un peu de recul, on observe que le niveau rĂ©gional de lâadministration de lâĂtat, tout particuliĂšrement dans les plus vastes des nouvelles grandes rĂ©gions, est forcĂ©ment plus Ă©loignĂ© des acteurs de terrain et de la population. Cela renforce un sentiment de « besoin dâĂtat », exprimĂ© avec constance.
LâĂ©chelon dĂ©partemental de lâadministration de lâĂtat a clairement vocation Ă ĂȘtre celui qui aura Ă rĂ©pondre Ă ce besoin. Echelon polyvalent dâadministration de proximitĂ©, capable de mobiliser toute lâexpertise disponible, dans une relation de complĂ©mentaritĂ© avec les niveaux rĂ©gionaux et centraux, Ă mĂȘme dâassurer lâanalyse des problĂšmes et la synthĂšse des positions, il est aussi celui oĂč sâexprime, lorsque cela est nĂ©cessaire, lâautoritĂ© attendue de lâĂtat.
Pour cela, il faut regrouper les compĂ©tences et les Ă©nergies qui existent dans lâadministration dĂ©concentrĂ©e de lâĂtat au service du territoire et des populations, renforcer la dĂ©concentration, pour que les politiques nationales et rĂ©gionales soient appliquĂ©es avec lâintelligence des situations locales et mutualiser les moyens, chaque fois que nĂ©cessaire, pour renforcer leur efficience.
8.1. Un Ătat territorial fort
La rĂ©forme de lâadministration territoriale nâest donc pas achevĂ©e : armĂ© de la facultĂ© nouvelle de dĂ©roger Ă la norme rĂ©glementaire lorsque cela est nĂ©cessaire, le prĂ©fet pourra ĂȘtre lâautoritĂ© en position de fĂ©dĂ©rer les expertises dâĂtat, de mobiliser la technicitĂ© des rĂ©seaux rĂ©gionaux et centraux de lâĂtat en tant que de besoin et dâassurer les fonctions dâinterlocuteur de tous les acteurs locaux. Il lui reviendra de gĂ©rer au niveau rĂ©gional comme au niveau dĂ©partemental avec fluiditĂ© les ressources disponibles, pour le compte de tous et dans la transparence, en rendant des comptes et sur la base dâobjectifs prĂ©cis de gestion. Au travers de cette orientation, il sâagit de crĂ©er les conditions devant permettre Ă lâĂtat territorial de faire rĂ©gulation, au plus prĂšs du territoire.
Calendrier : sur la base dâun mandat du Premier ministre, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur conduira jusquâau printemps 2018 la concertation destinĂ©e Ă identifier les termes selon lesquels les Ă©quilibres hĂ©ritĂ©s de la RĂ©ATE peuvent ĂȘtre aujourdâhui interrogĂ©s, dans la perspective dâune mise en Ćuvre de ces orientations au 1er janvier 2019.
8.2. Incarner la proximité
Lâobjectif dâune plus grande proximitĂ© doit conduire lâĂtat Ă ajuster les modalitĂ©s de sa reprĂ©sentation dans les territoires. Pour rĂ©pondre aux attentes exprimĂ©es par les acteurs des territoires, des organisations plus inclusives doivent dâabord ĂȘtre imaginĂ©es. A lâinstar des dĂ©lĂ©guĂ©s du prĂ©fet, qui interviennent avec succĂšs dans les quartiers prioritaires des politiques de la ville depuis plusieurs annĂ©es, il faut imaginer des dispositifs adaptĂ©s aux territoires ruraux, permettant de projeter des reprĂ©sentants de lâĂtat lĂ oĂč le besoin sâen fait sentir. Des reprĂ©sentants du prĂ©fet, chargĂ©s dâentretenir le dialogue et dâĂȘtre apporteurs de dossiers, pourraient ĂȘtre dĂ©signĂ©s Ă lâĂ©chelle des nouvelles communautĂ©s de communes qui le souhaiteraient. Pour cela, le dispositif de la rĂ©serve citoyenne pourra ĂȘtre utilisĂ©, en mobilisant lâexpĂ©rience et lâexpertise dâanciens fonctionnaires de lâĂtat, de tous horizons, mais aussi la motivation de ceux de nos concitoyens qui seraient dĂ©sireux dâaccomplir un tel engagement.
Calendrier : identification dâune solution fonctionnelle devant permettre, Ă coĂ»ts maĂźtrisĂ©s, la dĂ©signation de dĂ©lĂ©guĂ©s du prĂ©fet prĂšs dâintercommunalitĂ©s Ă la fin du premier semestre 2018 ; expĂ©rimentation pendant un an dans cinq dĂ©partements ; en cas de dĂ©cision de gĂ©nĂ©ralisation de ce dispositif, appel Ă candidatures en juin 2019 ; dĂ©signations Ă compter du 1er septembre 2019.
9- Refonder les relations entre lâĂtat et les collectivitĂ©s territoriales sur la base dâun dialogue et dâune confiance retrouvĂ©s
Lâorganisation de la RĂ©publique dĂ©centralisĂ©e a connu, ces derniĂšres annĂ©es, des mutations sans prĂ©cĂ©dents. Mutations institutionnelles, avec la crĂ©ation de grandes rĂ©gions, la naissance des mĂ©tropoles, lâĂ©mergence des communes nouvelles, lâadoption dâune nouvelle carte intercommunale et la simplification de la rĂ©partition des compĂ©tences. Mutations financiĂšres, avec la baisse parfois brutale des dotations aux collectivitĂ©s territoriales et la montĂ©e en puissance des dispositifs de pĂ©rĂ©quation.
Ce contexte a logiquement fait naĂźtre chez les Ă©lus locaux une demande forte de stabilitĂ© et de visibilitĂ© institutionnelles. Le Gouvernement lâa pleinement entendue et lâa faite sienne. Il nâentend pas revenir sur les grands Ă©quilibres nĂ©s de la rĂ©forme territoriale, ni remettre en cause la clarification des compĂ©tences entre niveaux de collectivitĂ©s. Il assumera Ă cet Ă©gard une forme de continuitĂ©.
Toutefois, cet horizon de stabilitĂ© s'accompagnera de quelques exceptions. Dâabord pour permettre que lâorganisation de la France ne soit pas nĂ©cessairement uniforme, selon les contextes, les besoins et les initiatives locales. Ensuite, en termes de mĂ©thode, pour rompre avec lâĂ©ternel jeu de rĂŽles, aujourdâhui arrivĂ© au bout de sa logique, et qui sâest trop souvent traduit par des baisses unilatĂ©rales de dotations de lâĂtat aux collectivitĂ©s.
9.1. Un nouveau pacte de confiance avec les collectivités
La confĂ©rence nationale des territoires a Ă©tĂ© installĂ©e le 17 juillet dernier, pour prĂ©parer un pacte de confiance avec les collectivitĂ©s. Ce pacte dĂ©terminera les principes, mĂ©thodes de travail et orientations appelĂ©s Ă fonder la relation Ătat / collectivitĂ©s territoriales pour les cinq prochaines annĂ©es. Il comportera les engagements rĂ©ciproques devant permettre de crĂ©er les conditions dâune maĂźtrise des dĂ©penses locales et de garantir la cohĂ©rence entre les ressources des collectivitĂ©s et leurs charges, souvent impactĂ©es par des dĂ©cisions de lâĂtat. Le pacte dĂ©clinera les engagements pris par le PrĂ©sident de la RĂ©publique pour la rĂ©forme de la taxe dâhabitation. Il prĂ©cisera les engagements de maĂźtrise des normes, les orientations de la politique de soutien Ă lâinvestissement local de lâĂtat, ainsi que les modalitĂ©s selon lesquelles le plan dâinvestissement pour les gĂ©nĂ©rations futures pourra apporter un soutien Ă la performance des collectivitĂ©s locales et un appui Ă leur modernisation. Le pacte organisera enfin les Ă©tapes de la baisse des dĂ©penses des collectivitĂ©s de 13 milliards en 5 ans et indiquera les choix faits en matiĂšre de pĂ©rĂ©quation et de financement des allocations individuelles de solidaritĂ©.
La confĂ©rence deviendra ensuite une instance permanente, veillant Ă lâexĂ©cution, au suivi du pacte et Ă la mise en Ćuvre de son programme de travail pluriannuel.
Calendrier : organisation de groupes de travail avec les élus pour préparer les réformes ultérieures tout au long du quinquennat.
9.2. Un approfondissement de la rĂ©forme de lâorganisation territoriale, fondĂ© sur la libertĂ© des territoires.
Tout en veillant Ă la stabilitĂ© des institutions locales, les rĂ©formes programmĂ©es Ă©tant confirmĂ©es, le Gouvernement ne sâinterdira pas de tenir compte des besoins locaux : lâorganisation de la France ne doit pas ĂȘtre uniforme. DĂšs lors que des initiatives partagĂ©es se manifesteront et viseront non pas Ă faire Ă©chec Ă dâautres projets, mais Ă construire des projets assis sur une stratĂ©gie territoriale ambitieuse, la plus grande attention sera requise. Cette attitude se manifestera tout particuliĂšrement Ă lâĂ©gard dâinitiatives portĂ©es par des dĂ©partements ou des communes qui seraient dĂ©sireux de se rapprocher. Pour ces derniĂšres, les moyens de les accompagner et de les inciter Ă sâengager dans la crĂ©ation de communes nouvelles seront rĂ©examinĂ©s.
Sâagissant du fait mĂ©tropolitain, les situations seront examinĂ©es au cas par cas, avec tout le temps utile aux Ă©tudes prĂ©alables et Ă la concertation. LĂ oĂč des logiques gĂ©ographiques de simplification institutionnelle et de dĂ©veloppement Ă©quilibrĂ© des territoires urbains comme ruraux le justifient, lâopportunitĂ© de procĂ©der Ă des rapprochements de mĂ©tropoles et de dĂ©partements sera examinĂ©e. Pour la mĂ©tropole du Grand Paris, des propositions seront faites pour mettre en place un processus particulier de travail, associant les Ă©lus et les forces vives, de maniĂšre Ă ce que le cadre institutionnel et financier de la mĂ©tropole du Grand Paris soit Ă la hauteur des enjeux stratĂ©giques de ce territoire.
Calendrier : fin 2017, proposition d'une mĂ©thode de travail pour lâachĂšvement de la mise en place des mĂ©tropoles et lâĂ©volution de la mĂ©tropole du Grand Paris, ainsi que des Calendriers de concertation et dâĂ©laboration des dispositions lĂ©gislatives qui seront considĂ©rĂ©es nĂ©cessaires, avec, sâagissant de lâapprofondissement du fait mĂ©tropolitain, une perspective de mise en Ćuvre Ă partir de 2022 ; mise en place de la CollectivitĂ© de Corse au 1er janvier 2018 ; concertation dâune mesure incitative Ă la crĂ©ation de communes nouvelles en 2018 ; mise en Ćuvre dâune telle mesure sur la pĂ©riode 2019-2022.
9.3. ConformĂ©ment aux engagements du PrĂ©sident de la RĂ©publique, lâorganisation spĂ©cifique de la fonction publique territoriale sera valorisĂ©e et approfondie, en ce quâelle constitue un atout pour la souplesse et lâefficacitĂ© de la gestion locale, adaptĂ©e au nombre et Ă la diversitĂ© des employeurs, tout en garantissant le respect des droits des agents publics.
Les employeurs seront associĂ©s en amont aux dĂ©cisions qui les concernent, les questions liĂ©es au temps de travail et Ă la rĂ©munĂ©ration pourront, selon les options retenues dans le pacte de confiance, faire lâobjet dâun projet de loi, qui pourra ĂȘtre dĂ©posĂ© au dĂ©but de 2018 au Parlement.
Calendrier : renvoi au Calendrier de la confĂ©rence et de la discussion du pacte pour ce qui concerne lâassociation des employeurs aux dĂ©cisions et la dĂ©finition dâengagements de non-remplacement de dĂ©parts en retraite dans la FPT ; le cas Ă©chĂ©ant, projet de loi sur le temps de travail dans la FPT au dĂ©but de lâannĂ©e 2018.
* Notamment pour ce qui concerne les missions suivantes : extractions judiciaires, transports Ă lâhĂŽpital pour examens mĂ©dicaux, surveillance des plages, procurations Ă©lectorales, mise en Ćuvre de certaines polices administratives spĂ©ciales, protection de personnalitĂ©s.